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Climat : il faudrait « construire des modèles d’affaires à prix variables »

Pour réaliser l’accord de Paris [en 2015], les émissions de gaz à effet de serre devraient baisser d’environ 4 % par an jusqu’en 2050, alors qu’elles augmentent de 1,2 % par an dans le monde.
A titre de comparaison, elles ont baissé de 7,6 % quand le monde était à l’arrêt en 2020. Si nous voulons atteindre la neutralité carbone, nous devons mettre le capitalisme au service de cet objectif en plaçant l’intérêt collectif et les « communs » au-dessus de l’intérêt individuel.
En fait, en cherchant à maximiser systématiquement la création de valeur pour une seule catégorie de parties prenantes – les actionnaires –, le néolibéralisme désacralise nécessairement toutes les autres en les rémunérant à une valeur relative beaucoup plus faible et, de fait, ne permet pas à la responsabilité sociale des entreprises d’exercer son rôle originel de stabilisateur social et environnemental.
D’après le Global Dividend Index calculé par Janus Henderson, qui mesure les dividendes versés par les 1 200 plus grosses sociétés cotées au monde, 2023 a été l’année record pour les profits, les dividendes et les rachats d’actions. Dans le même temps, avec 6 % de la population active en janvier 2024, le chômage européen était à son plus bas niveau depuis des décennies. L’Allemagne et les Pays-Bas étaient même au plein-emploi (7,5 % en France). Pourtant, le taux des personnes menacées de pauvreté était de 21, 6 % de la population européenne en 2022, et ce taux atteignait même 25 % chez les jeunes.
Pour résumer, l’Europe est proche du plein-emploi et, malgré cela, le taux de personnes menacées de pauvreté est très élevé. Ce qui veut dire que, même en travaillant, la population s’appauvrit alors que les entreprises font des profits historiques. Comment les entreprises peuvent-elles s’enorgueillir de leurs engagements RSE [responsabilité sociale des entreprises] dans ces conditions ?
En fait, cela veut tout simplement dire que le travail n’est pas payé à son « juste prix » et qu’il serait grand temps de réfléchir à sa vraie valeur dans un contexte social qui risque de devenir de plus en plus explosif.
Au lieu de verser des dividendes mirobolants à leurs actionnaires, ne serait-il pas plus raisonnable que les entreprises investissent massivement dans la transition aujourd’hui afin de lisser leurs profits et dividendes futurs ?
Et que dire de celles qui, au lieu de lutter contre l’inflation, ont tiré profit du chaos géopolitique ambiant en augmentant leur marge commerciale de façon indécente au détriment des salaires, expliquant ainsi en grande partie l’inflation de 2022 et provoquant une baisse inédite du pouvoir d’achat réel de leurs propres salariés ?
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